Homélie pour la fête de Sainte Trinité 2022

12/06/2022

Jn. 16, 12-15

« Il me glorifiera , et il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi …Ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu …». Ces mots concernant le Saint-Esprit, sortis de leur contexte, peuvent sembler étranges, le Saint-Esprit n’est-il qu’un instrument passif ? Dans la Trinité en effet, personne n’agit pour son propre compte, chacun se réfère à l’autre, l’environnement d’écoute et d’obéissance mutuelle est une communion absolue où tout ce qui est à toi est à moi et tout ce qui est à moi est à toi. Le Saint-Esprit se réfère au Fils et le Fils se réfère au Père.

Mais qu’en est-il du Père ? Il n’est pas dit qu’il se réfère à un autre. Faut-il parler comme Origène d’une monarchie du Père, ce qui impliquerait qu’il est au-dessus des deux autres ? Ce qui n’est pas une juste façon de parler : Le Père est celui qui veut dépendre des autres pour réaliser son plan de salut. C’est une loi générale tout au long de la Révélation. Le consentement de Marie au message de Gabriel concernant la naissance de Jésus est nécessaire.

Dans l’icône bien connue de la Trinité de Roublev, il est difficile de reconnaître exactement qui est le Père, qui est le Fils et qui est le Saint-Esprit. J’aime un commentaire parmi d’autres de cette icone, le Père au centre regarde d’un air interrogateur le Fils à gauche, comme s’il attendait son consentement et son intervention pour sauver le monde. Dans la dépendance de ce Père, nous pouvons reconnaître les paroles de Jésus dans l’évangile qui disent que celui qui est au-dessus doit devenir comme le dernier.

La Trinité est un modèle d’obéissance mutuelle et d’écoute commune pour toute vie chrétienne. Ce modèle se retrouve dans la communauté idéale de Jérusalem dans les Actes des Apôtres : « Ils demeuraient ensemble et avaient tout en commun… on distribuait à chacun selon ses besoins ».

Existe-t-il des obstacles à l’écoute et à l’obéissance dans la vie commune ? Beaucoup.

Quand nous regardons le Père, nous comprenons qu’il ne force personne. Il n’y a pas de véritable écoute et obéissance sans un extrême respect de la liberté d’autrui. Nous savons que ce n’est pas toujours ce qui se passe ou s’est passé dans la vie religieuse ; entre autres.

Dans la parabole du fils prodigue dans l’évangile de Luc, le père dit à son fils aîné : « Mon fils ! tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi ! ». Ce fils pensait individuellement, séparément, comme un propriétaire. Il exclut celui qui est différent, indigne, perdu, sans lui donner une chance de revenir. Il est l’anti-fils, le non-fils, le contraire du vrai fils qui est à la recherche de la brebis perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve et la mette sur ses épaules et la ramène au troupeau. Il n’est pas si facile de ne pas exclure d’une manière ou d’une autre, dans ce cas c’est les signe que notre communion n’est pas réelle.

Nous avons beaucoup à apprendre de la Sainte Trinité, non seulement en regardant de l’extérieur, mais en étant pris dans cette vie commune qui est un courant d’amour, dans le Père et le Fils et le Saint-Esprit.